Ce matin avait été particulièrement pénible, Lorolay était partit plus tôt à l’école pour répéter une chanson, et la jeune fille avait du rester seule avec leur gouvernante. A 15 ans, elle était entièrement capable de se débrouiller seule, du moins sans avoir une nounou tout le temps dans les pattes. Mais leur père n’était pas de cet avis, et Illyasviel soupçonnait Madame Jankins d’être plutôt une espionne au compte de la famille qu’une véritable nourrisse.
Comme prévu la vieille femme aux cheveux blancs, et au visage sévère ne l’avait pas quitté d’une semelle. Pourtant la jeune enfant ne lui avait donné aucune satisfaction, elle n’avait effectué que la routine habituelle avec son éternel air neutre, comme si elle n’appartenait pas vraiment au monde des vivants. D’ailleurs une telle attitude encourait la colère de la bonne femme, aussi lors du petit déjeuner Illya avait vu une tasse s’écraser contre le mur, juste derrière elle. La jeune fille avait à peine bougé, elle ne jugeait même pas le geste de sa gouvernante, cela ne lui apportait peu. A dire vrai, il existait peu de chose qui comptait pour elle, sa sœur en faisait partie et elle n’était pas là.
Le reste de la matinée se passa sans autres incidents, les dégâts furent rangés et personne n’en parlerait. La femme rigide accompagna la jeune enfant dans une des voitures de la famille. Contrairement à ce que sa sœur aurait fait, Illya n’avait émit mot depuis son réveil. Mais elle ne s’inquiétait pas, tout ce passait comme d’habitude…
Arrivée en ville, la femme essaya encore une fois de lui faire dire ce qu’elle voulait entendre. Mais la jeune fille n’y prêtait pas attention, cette personne ne lui importait pas du tout. Elle avait voulu se rendre dans un salon de thé afin de s’y reposer tranquillement, mais la foule lui avait bloqué le passage. Elle se posait toujours la même question : Pourquoi restait elle en retrait ? Illyasviel était d’une beauté irréel, ressemblant plus à un fantôme qu’a un être vivant. Elle attirait les regards, mais faisait froid dans le dos. Ses camarades pensaient qu’elle les prenait de haut, pourtant cela n’avait rien avoir, elle les voyait seulement comme sans intérêt.
Enfin, elle était parvenue à se libérer, comme toujours. En retard, elle marchait néanmoins à pas lents, ses affaires serrées contre elle. Cette attitude de protection lui était désormais un réflexe qui à lui seul savait quelque peu la réconforter. Alors que son regard suivait le chemin devant elle, juste à ses pieds, elle s’arrêta soudain en voyant des jambes s’avancer dans sa direction. La personne était plutôt proche, et elle avait évité une rencontre peu douce de peu…